Comme l’exprime Teece (2008), Ikujiro Nonaka est devenu le nouveau Peter Drucker de la gestion. Nonaka (2012) légitime sa trajectoire de recherche en mobilisant deux idées fortes de Peter Drucker (1993, p. 183) : a) les entreprises ont aujourd’hui un impératif d’innovation, b) nous avons besoin d’une nouvelle théorie de la firme qui soit à même de rendre compte de cette capacité d’innovation de l’entreprise. Le modèle de Nonaka est une des réponses possibles à cette attente. Cette approche veut marquer une rupture profonde par rapport au paradigme du traitement de l’information de Newel et Simon (1972) en mettant au centre de l’organisation, non plus des processus de traitement de l’information, mais des processus de conversion des connaissances, et plus fondamentalement des processus de création des connaissances. Il s’agit alors de construire une théorie de la création des connaissances dans les organisations (Nonaka, Toyama et Nagata, 2000). Ce programme de recherche qui démarre en 1983, et se prolonge encore aujourd’hui, se manifeste par un cheminement progressif d’enrichissement d’un modèle de base de la circulation des connaissances dans l’entreprise : le modèle SECI (Socialisation – Extériorisation – Combinaison – Intériorisation) (Nonaka, 1991). Successivement, ce modèle va intégrer de nouveaux registres : le contexte de la création des connaissances avec la notion de ba (Nonaka et Konno, 1998), les contradictions internes à l’entreprise (Nonaka et Toyama, 2002) et enfin l’environnement de l’entreprise avec le concept d’écosystème de connaissance (Nonaka, Toyama et Hirata, 2008). Dans une première partie, nous rendons compte du modèle théorique initial, et dans une deuxième partie des enrichissements progressifs.
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