Liane de Pougy (1869-1950)
"– Ah ! Tesse, comme je m’ennuie... Quelle aridité dans ma vie ! Toujours le même programme : le bois, les courses, les essayages ; puis, pour finir une journée insipide : le dîner ! et quel dîner !... Enfermée dans un restaurant à la mode où l’on étouffe, étroit et empesté d’ordinaire par une odeur infecte de cuisine et de tabagie..., avec des amis et quels amis ! Si l’on peut appeler ainsi les mille et une connaissances plus ou moins intéressantes que le hasard jette dans notre existence !... La fin ! Et quelle fin !... Ah ! Tiens, ce soir, flûte ! j’en ai par-dessus la tête, je veux rester ici chez moi, seule avec toi ! Je les lâche tous !... Ernesta ! Ne préparez rien pour m’habiller, donnez-moi mon vieux peignoir en flanelle rose, vous savez, ma robe de moine avec un capuchon et une cordelière ; pas de rubans ni de dentelles !... Assez de toutes ces fanfreluches qui m’oppressent ! Aujourd’hui, je veux me réduire à ma plus simple expression. Ah ! Tesse, Tesse, que je suis lasse de vivre ! Que je m’ennuie !... Vois-tu, ce soir, ça déborde !... Ah !... à toutes ces distractions parisiennes que l’Europe nous envie, comme je préfère dix mille fois ma solitude ici, avec toi et mon chien, ma jolie Princesse !... Princesse, venez ici ! Est-elle jolie ! Allons, vite, une baise..., un baiser à sa maman ! Allez maintenant, mon petit cœur gauche, comme dit Maindron dans Saint-Cendre... As-tu lu ça, Tesse ?... C’est charmant... Tout est prêt ?..."
1899. La courtisane Liane de Pougy nous raconte, de façon romanesque, sa liaison amoureuse avec la future femme de lettre américaine, Natalie Clifford Barney.
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