Les rapports sociaux se conjuguent au présent, mais se nourrissent du passé (réel, construit ou imaginé). La mémoire individuelle et collective tisse des liens avec l'histoire et joue un rôle prépondérant dans la construction d'une identité de groupe. Comment dès lors, des groupes en conflit peuvent-ils apprendre à se reconnaître mutuellement avec leurs droits et leur légitimité ? Le sujet est traité avec rigueur, sérieux, honnêteté. Monique Eckmann ne nous cache rien des difficultés qui attendent à chaque pas le théoricien et le praticien. À travers trois expériences : séminaires interculturels en Irlande et à la frontière austro-hongroise avec des étudiant-e-s en travail social, rencontres entre groupes en conflit en Israël et en Palestine, projet pédagogique pour une éducation «après Auschwitz», ou plutôt «contre Auschwitz» dans le contexte particulier que représente l'Allemagne, elle tente de répondre à cette question dans son aspect théorique, mais aussi en tant qu'observatrice impliquée. On n'est pas ici dans l'illusion de la rencontre « qui suffirait à tout ». L'auteure sait bien que le dialogue demande une pédagogie du conflit et que les conflits sont inévitables - et indispensables - entre majoritaires et minoritaires, entre cultures dominantes et cultures dominées, à l'intérieur même des groupes d'appartenance, à l'intérieur même des individus. Monique Eckmann sait de quoi elle parle : formatrice, femme, juive, blanche, suisse, de l'intérieur, elle connaît l'existence et l'importance du conflit. Le décor est planté : un immense besoin de dignité et de reconnaissance habite ces Européens et ces immigrés, ces adultes et ces jeunes de toutes origines, ces peuples en conflit, et en même temps, ce n'est pas simple. Le présent ouvrage se veut une contribution sociopédagogique au projet d'une Europe ouverte, démocratique et respectueuse des droits humains.
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