Trois semaines de travail à la Columbia University de New York l'avaient lessivé. Donnés en anglais, ses cours sur le processus politique menant à l'indépendance du Congo exigeaient une concentration plus intense que s'il avait pu s'exprimer en français.
Certes, il était parfaitement maître du sujet qu'il traitait et développait mais il se heurtait aux préjugés bien ancrés de certains de ses étudiants. Il y avait parmi eux quelques intoxiqués par la prose journalistique en faveur de Patrice Lumumba. Il lui fallait démonter le mythe tout en faisant allusion au rôle des États-Unis dans le climat de la guerre froide transposée en Afrique. Quoique peu habitué à marcher sur des oeufs, il s'efforçait de multiplier les nuances à coups de rappels historiques...
Quoi de plus naturel qu'un écrivain dont l'imagination se trouve obligatoirement bridée lorsqu'il raconte et analyse les événements du passé, éprouve, à certains moments de sa vie, l'irrépressible désir de prendre la liberté comme horizon? La liberté de s'imprégner de ce qui l'entoure ici et ailleurs, d'imaginer ce qui pourrait s'y passer, de pressentir le fantastique sous le réel. Si le contradictoire est incongru dans un ouvrage d'histoire, il ne l'est pas dans la fiction; il suffit de changer les coordonnées ou d'en introduire de nouvelles.
À la liberté choisie pour horizon s'ajoutent la poésie de sites longuement observés jusqu'à l'instant où l'inattendu fait tout basculer dans l'insolite ou le mystère, le plaisir d'écouter les vieux conteurs de légendes et aussi le bonheur de jouer avec les mots qui viennent à l'esprit, de les ordonner sans aucune contrainte mais sans égarement.
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