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Le récit des « Heures Chaudes » du Quartier latin — évocation des épisodes les plus dramatiques et les plus insolites dont il a été le théâtre depuis huit siècles —, dissipe cette illusion suivant laquelle la révolte des étudiants de 1968 serait un phénomène de génération spontanée, rompant avec la longue tradition de l’Université de Paris. Le témoignage de l’histoire prouve au contraire que le mouvement de mai 1968 est l’héritier direct du passé tumultueux du Quartier latin et que la violence est la seconde nature du corps universitaire. En un seul mois, toutes les formes de manifestations qui ont été expérimentées par les étudiants pendant huit cent ans sur le pavé de Paris, ont ressurgi avec une force éruptive. Saviez-vous que : • La grève des cours a été « inventée » par les maîtres et escholiers du Moyen-Age. • L’université du XIIe siècle était une Université Critique. En 1968, les étudiants ont fait le procès de l’Université de Napoléon. Au XIIe, les escholiers reprochaient à l’enseignement de n’avoir pas changé depuis Charlemagne. • En 1104, la contestation, avant de se porter au Pays latin, a eu pour foyer un campus de 3.000 étudiants installé à Corbeil. A Nanterre, en 1968, Cohn-Bendit a joué son petit Abélard. • La première barricade parisienne a été élevée Place Maubert en 1588 par des étudiants. De Saint-Germain à Maubert, la chaussée a été dépavée. • Le mois de mai a plus d’une fois été propice aux rébellions du Quartier latin. En 1578, un printemps insurrectionnel a bouleversé la rive gauche. Les étudiants menaçaient de mettre le feu aux Facultés. • Sous Louis XVIII, la fermeture autoritaire des Facultés a déclenché un processus insurrectionnel. • L’affrontement avec les forces de l’ordre est quasi-rituel depuis huit siècles. Un ressentiment viscéral et un esprit de revanche exacerbent la violence des heurts. • En 1893, les étudiants ont donné l’assaut à la Préfecture de Police. • L’irruption de la police dans la cour de la Sorbonne en mai 1968, n’est nullement une violation de sanctuaire sans précédent. En 1908, par exemple, la police s’est barricadée dans l’amphithéâtre Michelet. • Les « enragés » répètent aujourd’hui qu’il ne peut y avoir de réforme de l’Université sans un changement radical de la société. Cette idée a été soutenue par un étudiant qui agitait le drapeau noir sous le Second Empire. Le livre d’André Coutin, écrit avec aisance, riche d’une information précise et vivante, éclaire d’un jour nouveau les événements récents et les troubles convulsionnaires qui agitent encore aujourd’hui nos Facultés.