Hugo Pratt, trait pour trait
Je voulais devenir dessinateur de bandes dessinées, et c'est pour cette raison que j'allai vers Hugo Pratt, en ce mois de mars 1972. Les images sous l'emprise desquelles je vivais, qu'elles soient dessinées ou filmées, qu'elles soient signées Pratt ou Fellini, me paraissaient uniques et d'un prix immense. Comme si chacune de ces images, me connaissant mieux que je ne me connaissais, pouvait lire mon avenir, ou le fabriquer. J'avais appris qu'Hugo habitait en face de Venise, à l'extrême pointe de l'île du Lido. Je n'avais pas l'adresse exacte, mais tout le monde le connaissait : « C'est par là, tout au bout... » Je sonnai au bas d'un immeuble sans charme, à ceci près qu'il se situait à la lisière entre deux mondes : après lui, par-delà une digue et des roseaux, s'étendait l'Adriatique. Hugo est apparu à une fenêtre du dernier étage ; je l'entends encore qui demande : « Chi è ? », et m'invite à monter.
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