Évoquant son recueil Hôpital des poupées, Jacqueline Saint-Jean écrit : Miroir de nos désirs, de nos peurs, nos chimères, confidente, fétiche, figurine des fécondités ou effigie sacrée, de tout temps les poupées accompagnent les humains. On leur parle, les invoque, les materne, les malmène, et parfois on les crible, les brise, les jette. À l'Hôpital des poupées (Lisbonne) des mains aimantes réparent leurs corps disloqués, dont les photographies de Francis Saint-Jean révèlent la force de suggestion, réveillent en mémoire des scènes venues des violences de l'Histoire ou du sort des femmes. De l'émotion qui saisit en ce lieu a surgi l'écriture, qui accueille les corps brisés, imagine leurs vies, les anime, les ranime. Ainsi naît la poupée-poème.
Poupée-poème ils t'ont jetée au terrain vague désert hors les heures hors cité
Et le froid du monde monte dans leurs yeux
Parfois à l'embouchure des songes soudain le vent soulève venu de très loin le chant perdu en chemin
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