Les femmes ne feraient pas l'amour sans investir la relation,
tandis que les hommes dissocieraient plus aisément sexe et
sentiments. Ce serait là, affaire de «Nature». Que dire alors des
changements de comportements sexuels au cours de ces dernières
décennies ? Vaines tentatives d'émancipation de cette «Nature»
dont la sexualité se ferait l'expression ?
La sociologie oppose à cette lecture, une approche en termes de
constructions sociales. La sexualité est une voie d'analyse du social.
Dans un mode hétérosexuel, la sexualité peut alors être tenue pour
lieu d'actualisation des rapports sociaux entre les sexes. La bonne
distance entre les identités sexuées, l'être ensemble et séparés, qui se
recomposent en contexte d'égalité, rendraient à nouveau inaperçue
la «domination masculine». L'auteure interroge la dynamique
relationnelle de se «transformer pour mieux demeurer». Quels
«donnant donnant» peut-on conclure l'un avec l'autre ? Quels
consentements s'y renouvellent ? Quelles ouvertures s'y jouent ? À
quels arrangements peut-on se faire soi-même ? Que traduisent ces
changements en forme «d'emprunt» ou de «révélation» ?
Passer de la mécanique sexuelle à la sexualité relationnelle
si l'on peut rester individualiste ? Garder le modèle de sexualité
relationnelle si elle permet l'émancipation ? Des femmes et des
hommes nous parlent ici, chacun dans sa logique narrative - logique
de «carrière» ou de «situation» -, de la manière de devenir une
femme, de devenir un homme dans et par la sexualité.
Ainsi, Marie-Laure Déroff nous propose-t-elle une analyse
des idéaux de la féminité et de la masculinité auxquels se réfère
l'expression de la sexualité et en contrepartie les usages de la
sexualité par lesquels se vit le sentiment d'être une femme, d'être
un homme.
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