Nous mettons la France avant tout et au service de la France nous nous efforçons de placer des vues justes et des idées vraies. Les longues durées historiques méritent dans le passé une admiration studieuse ; dans le présent, notre dévouement filial. Qu’il y ait une France, que la France subsiste, que ce trésor territorial, intellectuel et moral soit descendu à travers les siècles jusques à nous, c’est un bienfait que tout citoyen et tout homme digne de ce nom doivent s’attacher à prolonger et à perpétuer (Charles Maurras).
Depuis huit ou neuf ans, on s’applique à faire de Maurras une image dans laquelle ne peuvent le reconnaître ni ceux qui l’ont approché, ni simplement ceux qui l’ont lu. Maurras, inspirateur d’un patronat de combat ! Maurras, théoricien de la bourgeoisie capitaliste ! Maurras, germanophile ! Maurras, fasciste ! Maurras, se réjouissant de la défaite française, parce qu’elle était la défaite de la démocratie ! Maurras, rêvant d’une Internationale de l’autorité ! Maurras, imperméable à l’actualité, vivant barricadé dans une forteresse d’a priori ! etc. Ce sont là de pures balivernes.
Maurras s’est toujours refusé à donner un exposé systématique de ce qu’étudiants nous appelions sa doctrine, mot qu’il n’aimait pas. Ses idées, il les exposait au jour le jour, à propos des faits. C’est par le commentaire, la critique de l’événement qu’il s’élevait au général. Jamais méthode ne fut plus expérimentale, plus proche des choses. Aussi beaucoup de ses livres, le Dictionnaire politique et critique compris, sont-ils des recueils d’articles. Sa façon de travailler l’obligeait à plonger sans cesse dans la réalité. C’est en explorant les archives des Martigues qu’il découvrit ce qu’étaient les libertés municipales sous l’Ancien Régime ; c’est en regardant, en dépouillant minutieusement les journaux et les revues, en lisant, en écoutant les visiteurs qu’il s’informait au jour le jour : la matière de sa réflexion était prise quotidiennement dans l’actualité la plus proche. Il eût été bien extraordinaire qu’il laissât échapper quelque chose d’important. Plus on le relit, plus on s’aperçoit que sa pensée est riche... (extrait de l’Avant-propos, Pierre Gaxotte).
Dès 1953 — Maurras meurt en novembre 1952 — paraissait ce livre d’hommages et de souvenirs pour rappeler qui était réellement cet homme qui avait marqué profondément plus d’un demi-siècle de vie politique, intellectuelle et littéraire. Quelque soixante-dix ans après sa disparition, il ne nous a pas semblé inutile de remettre ce texte à la connaissance du public, pour essayer de mieux cerner quel était l’homme derrière le personnage public... et pour inaugurer notre nouvelle collection de "choses politiques" : Res politicæ.
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