Selon Thomas Hobbes, l'homme est fondamentalement un être de
désir. Cela veut dire qu'il est un champ de forces variables, traversé
de puissances pouvant s'affronter durement et provoquer de graves
délitements des dimensions temporelles. Il s'agit dès lors, dans la
composition des puissances humaines, de parvenir à l'équilibre qui
soit le meilleur possible. Mais cela implique aussi toujours que le
déséquilibre puisse l'emporter : lorsque l'homme ne parvient pas, ou
plus, à organiser une gestion rationnelle de ses puissances dans le temps,
l'emprise d'une passion particulière et exclusive le faisant sombrer alors
dans la folie. Pour Hobbes, le «séisme» de la folie n'ouvre certes aucun
accès au sujet pour découvrir une vérité sur lui-même ; c'est toutefois le
déséquilibre, et lui seul, qui fournit la lumière adéquate permettant de
comprendre comment peuvent se réaliser les conditions de l'équilibre.
À ce titre, la folie est alors peut-être le centre véritable de l'anthropologie
hobbesienne. Le reconnaître doit conduire à lire à nouveaux frais
les principes directeurs de la philosophie politique du «Monstre de
Malmesbury», notamment en ce qui concerne la docilité attendue des
hommes, docilité entendue au double sens de la capacité à apprendre et
de la capacité à obéir à la loi.
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