Le génie d'Alfred Kubin dessinateur (1877-1959) - on l'a surnommé «le
Goya autrichien» - a longtemps éclipsé son oeuvre d'écrivain, brève
mais d'une absolue singularité et qui fascina bien des esprits, au premier
rang desquels Ernst Jünger.
Pour faire bonne mesure, ajoutons que le chef-d'oeuvre littéraire de
Kubin, vaste divagation romanesque sans boussole illustrée par lui-même
(L'Autre Côté, 1909 - Jean-Jacques Pauvert, 1964 ; José Corti,
2000), a injustement masqué l'autre versant de son oeuvre écrite : ces
nouvelles «humoresques» - non moins troublantes, à tout prendre -
qu'il rédigea dans la seconde moitié de sa vie de créateur, et qu'on
révèle ici pour la première fois aux lecteurs de langue française.
Ces histoires ont-elle droit à l'appellation de «nouvelles» ? Oui si l'on
s'en tient à la (relative) sagesse narrative de leur discours - par
comparaison en tout cas avec la «folie» revendiquée de L'Autre Côté.
Non, si l'on veut bien convenir que ces récits, conduits comme des
fictions, ont d'abord un caractère autobiographique, et que leur
succession finit par embrasser toute une enfance - disons toute une
jeunesse à l'affût de l'inquiétante étrangeté du réel.
Bref Kubin raconte sa vie, vécue ou rêvée... et ne peut s'empêcher,
quelque mesure qu'il y mette, de nous faire entrevoir, comme personne,
«l'autre côté» des choses.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.