«Tout était marchandise pendant l'Occupation.» Cet aveu d'un responsable allemand installé à Paris donne la mesure d'un phénomène qui dépasse souvent l'entendement, par les sommes d'argent manipulées, les personnes concernées et les formes adoptées. Le marché noir est présent à la campagne comme à la ville, à Paris comme à Vichy. Les Allemands en font l'un des leviers de l'exploitation économique de la France, les truands et les bourgeois rivalisent d'ingéniosité - sans compter les mères de famille. Le phénomène était si profondément ancré qu'il devait se prolonger jusqu'en 1947...
Il restait à en dresser la carte, à en identifier les circuits et les modalités jusque dans les départements les plus reculés. C'est à ce travail titanesque que s'est livré Paul Sanders, exploitant pendant cinq ans les archives françaises, belges, américaines et allemandes. L'auteur démonte les secrets du système D, étudie le rôle de la bureaucratie allemande et celle de Vichy, débusque les trocs de guerre, la course aux produits interdits, la débrouille des paysans, des restaurateurs et des collaborateurs. Il raconte la concurrence entre services, l'appétit de Goering, les aventures des «rois» du marché noir et même son importance dans le financement de la Résistance et de la Reconstruction.
Voici enfin la synthèse majeure sur un sujet qui a nourri l'imaginaire français depuis un demi-siècle.
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