La question des rapports entre Paris et sa région se pose depuis des
siècles. Avant la Révolution, l'Île-de-France se compose de petits ou de
gros villages, et de rares petites villes comme Pontoise et Saint-Denis.
Chacun y joue son rôle : Gonesse livre le pain à Paris trois fois par
semaine ; Argenteuil, le vin de sa vigne ; Montreuil, ses fruits, notamment
ses pêches réputées pour leur qualité ; Montmorency, ses cerises.
Villiers-le-Bel fournit la dentelle fabriquée par sa communauté protestante
; Boulogne, le linge lavé et blanchi, etc. En fin de semaine, les
Parisiens vont s'aérer dans le joli village de Villiers-le-Bel, l'un de leurs
préférés, ou à Montreuil, Écouen, mais aussi Versailles ou Chantilly.
La vie y est douce, moins bruyante, plus saine qu'à Paris, gigantesque
métropole très sale et polluée.
Au XVIIe siècle, l'ombre de Paris s'étend sur l'Île-de-France. Pour
nourrir une population qui double en un siècle, la capitale joue un rôle
essentiel dans l'arbitrage de l'offre et de la demande, imposant ses
exigences absolues à tous les acteurs régionaux. Robert Muchembled,
dans cet ouvrage collectif novateur, parle ainsi d'une véritable colonisation
économique et humaine au siècle des Lumières. Attirés par les
mirages parisiens, Franciliens et provinciaux fuyant la pauvreté ou la
famine viennent vivre au rythme de cette économie à plusieurs vitesses.
Archives à l'appui, le livre fait revivre un monde aujourd'hui révolu et
témoigne de l'engouement pour la vie aux champs en Île-de-France, ainsi
que de l'extraordinaire rayonnement de Paris tant par son influence sur
le goût, le confort, le luxe, la sociabilité, qu'en matière de civilisation des
moeurs.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.