Depuis l'époque gallo-romaine, l'histoire des juifs en France ne cesse d'osciller entre ombre et lumière. Tantôt protecteur bienveillant, tantôt despote ostracisant, le pays des Francs demeure ambigu vis-à-vis de l'une des plus vieilles communautés d'Europe. Comment expliquer cette attitude paradoxale ?
La France, indéniablement, est une terre d'accueil depuis des siècles pour les juifs. Dès le Moyen Âge, leur culture est partout présente et respectée. Bien après, la Révolution leur permet même d'accéder à la citoyenneté, tandis que le Premier Empire les unifie sous l'égide d'une organisation centrale. Puis, la Restauration, Napoléon III et enfin la République facilitent leur promotion économique, politique et sociale. Après l'Occupation, les israélites français - avec l'aide d'organisations juives internationales - se dotent d'institutions pour répondre à leurs nouveaux besoins. Enfin, la guerre d'Algérie et la décolonisation font de la France l'un des trois pôles les plus dynamiques du judaïsme mondial (après Israël et les États-Unis).
Mais parallèlement, comment oublier que, dès 1209, la croisade contre les hérétiques entraîne la persécution puis le massacre des juifs ? Qu'on les accuse de propager la peste noire au XIVe siècle ? Que l'affaire Dreyfus reste à ce jour la pire erreur judiciaire commise par antisémitisme ? Qu'un quart de la population juive a péri pendant la Seconde Guerre mondiale à cause du régime de Vichy ? Plus récemment, que des assassins répandent un antijudaïsme sanguinaire d'un genre nouveau ? À la lumière des recherches les plus récentes, le grand historien Michel Abitbol répond à toutes ces questions et à beaucoup d'autres. Partant, il propose une synthèse remarquable sur la relation longue, complexe et ambiguë entre un peuple et un pays. Un livre plus que jamais nécessaire.
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