La Milice française se voulait une chevalerie porteuse de force et de renouveau. Elle devint une phalange maudite. Souvent évoquée mais peu étudiée, elle a fini par être considérée comme une sorte de Gestapo française au service de l'ennemi. La Milice est un témoignage extrême des ravages qu'ont pu exercer sur des hommes d'action, patriotes mais bardés d'œillères, d'abord un «maréchalisme» exacerbé et la phobie de la République ; ensuite un anticommunisme obsessionnel ; et enfin les prédications des ultra-collaborationnistes. Sous la conduite de son fondateur Joseph Darnand, la Milice s'est voulue le fer de lance de Vichy dans la lutte contre tous ceux qui, à ses yeux, étaient des suppôts de la démocratie et des alliés objectifs du bolchevisme : les maquisards et les «judéo-saxons». Enfermés dans la certitude que la défaite de l'Allemagne déboucherait sur une France communiste dans une Europe dominée par Moscou, la Milice devint inéluctablement l'alliée de l'occupant. Soldats-policiers d'une cause perdue, mélange d'hommes de foi et d'hommes de main, les miliciens allèrent jusqu'au bout de leur dévoiement.
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