La littérature négro-africaine a une histoire bien distincte des autres domaines francophones. Elle commence dans les années 30 avec la parution de la Revue du Monde Noir, de Légitime Défense et de L'Étudiant Noir, dans ce creuset intellectuel parisien où se rencontrent les premiers poètes noirs d'Amérique, des Antilles et d'Afrique. Les plus connus sont Jean-Price Mars, René Maran, les poètes de la Renaissance noire (Mackay, Langston Hughes, Jean Toomer) et le trio Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon Damas. Le mouvement de la négritude va s'épanouir avec les revues Tropiques et Présence Africaine pour culminer avec les deux congrès axés sur les problèmes de la race, de la colonisation et de la culture (Paris 1956 et Rome 1959). Les ténors de cette riche période furent Alioune Diop fondateur de Présence Africaine et Cheikh Anta Diop pour l'Afrique, Aimé Césaire et Frantz Fanon pour les Antilles. Les indépendances africaines qui ont lieu entre 1959 et 1961 sont accompagnées d'une importante production théâtrale, tandis que le roman et la nouvelle deviennent le miroir éclaté des mille expériences des nouveaux États. C'est alors que sont publiés ceux qui deviendront les classiques de la prose franco- africaine : Mongo Beti, Birago Diop, Bernard Dadié, Sembène Ousmane, Abdoulaye Sadji, Djibril Tamsir Niane, Olympe B. Quenum, Cheikh Hamidou Kane. Après une période euphorique qui dure de 10 à 15 ans, viennent l'oil critique et la plume acerbe. À partir de 1985, les écrivains posent un regard lucide, tragique, voire cynique sur une réalité qui s'impose à l'encontre de tous leurs voux : les dérives politiques et sociales déstructurent peu à peu les sociétés du continent noir et provoquent dans maints pays les troubles graves que l'on sait. Paradoxalement la littérature semble bénéficier de ces perturbations parfois chaotiques, car l'écrivain en demeure le témoin privilégié, et nombre d'entre eux restent « en situation ». Mais, par ailleurs, ils se sont affranchis des contraintes tant d'écriture que d'idéologie, et c'est en toute liberté qu'ils se « situent » ou non face à la tourmente politique. Plusieurs noms émergent de cette production de plus en plus abondante : Ahmadou Kourouma (récent prix Renaudot), Sony Labou Tansi, Tchicaya U'Tamsi, Moussa Konaté, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Daniel Maximin..., mais aussi Maryse Condé, Véronique Tadjo, Tanella Boni, Calixthe Beyala. Car les femmes africaines ont aussi pris la plume et font entendre leur différence. Cet ouvrage a repris, en les remaniant, les principaux chapitres d'une thèse notoire du même auteur (Université de Bruxelles, 1961). Ils ont été prolongés par une large fresque historique de cette littérature et de ses péripéties, depuis 1960 jusqu'à nos jours.
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