Le Moyen Âge, c'est le berceau de notre littérature en
langue vulgaire. Mais il ne se pense ni comme un temps
originel ni comme un âge intermédiaire, «moyen». Tendu
entre un héritage antique païen et une culture chrétienne, il
se pense proche de la fin des temps, tout en croyant à un
progrès de la pensée. Les médiévaux, tout en revendiquant
l'héritage de l'Antiquité, se désignent eux-mêmes comme des
«modernes». La littérature naissante se nourrit de ces
contradictions et combine tous les apports, gréco-romains,
celtiques, germaniques, arabes, pour offrir une production
originale, modelée par des poétiques neuves, qui se
construisent empiriquement, à l'écart de la Poétique d'Aristote
qui ne sera redécouverte qu'au XVIe siècle.
Le présent ouvrage s'efforce de retracer les contours de
cette littérature, en en dégageant le contexte historique et
social, en dessinant les évolutions qui marquent ces quatre
siècles. Il met en évidence le jeu des poétiques, des
idéologies et de l'imaginaire, un jeu complexe qui permet à
la littérature médiévale de créer et d'entretenir des mythes
qui lui sont propres, comme ceux de la chevalerie courtoise,
de Tristan et d'Iseut, d'Arthur et de Charlemagne, mais aussi
des fées, de la Roue de Fortune ou de la Danse Macabré.
Il invite le lecteur à explorer les moyens qu'utilise pour
se construire une littérature qui doit se créer autour d'une
langue nouvelle qui tente de se donner ses lettres de
noblesse, et qui y réussit merveilleusement.
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