Josiane est d’abord et avant tout une force de la nature. Josiane œuvre dans tous ces métiers, professions ou activités bénévoles ou philanthropiques engageant la conscience : Pôle emploi, Restos fraternels, organisation caritatives diverses. La lie de la terre et les démunis, Josiane se les coltine au quotidien. Ses bénéficiaires lui pendent à l’encolure en permanence, comme autant de grigris aussi cuisants qu’incantatoires. Elle est si bonne, si fiable, si stable et d’aplomb. Elle aime tant et est si solide. On peut toujours se fier à elle.
Mais cette force, c’est aussi une tension. Un comburant interne faisant pression sur chaque millimètre des parois de la citerne. Josiane est gonflée à bloc, tendue comme un câble. Et un jour, elle va le péter, justement, son câble. Elle va chasser du revers de la main une de ces vieillardes importunes comme il en bourdonne tant dans le vivier de son univers ordinaire saturé de la lie de la terre.
Et la conscience, la conscience sociale mais aussi la bonne conscience de Josiane Muller va graduellement se fendiller, comme une mauvaise peinture sur un mur tremblant ou un maquillage trop épais, trop rigide, sous la pression des crispations faciales en redites. Et cette vie ordinaire, peuplée de chats, de petites gens, de bureaux, de restos et d’apparts modestes, cette vie décrite et dépeinte dans le style sobre, fin et convivial de Nicolas Hibon, va imperceptiblement se gorger de la plus hideuse des violences feutrées.
Grosse de pus et de haine rentrée, de rage irrationnelle sublimée, une maritorne souriante de société occidentale tertiarisée ruinée va donc graduellement devoir se mettre à se défouler.
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