Avec ce monologue théâtral, l'un
des dix-sept du recueil Quatrième
dimension, c'est un de ses
«poèmes» que Yannis Ritsos (1909-1990)
nous donne encore à lire, à voir, à entendre,
à imaginer aussi. À partir d'un des plus
célèbres des mythes antiques.
La belle Hélène de Troie est ici à la dernière heure de sa vie. Elle
est devenue la vieille Hélène dans sa grande maison délabrée,
une Hélène impotente, humiliée par des servantes devenues
bourreaux. Bourreaux semblables à ceux de Ritsos, alors en résidence
surveillée à Samos au moment de l'écriture d'Hélène en
1970, sous la dictature des colonels.
Et pourtant sont intacts le feu des yeux d'Hélène, sa raison, sa
parole. Au fil de sa longue confidence à un ancien amant ou simple
visiteur, se déroule un bilan : naufrage bien sûr, mais aussi dernier
surplomb au dessus de toute sa vie, fascinante élévation où
les mots peuvent encore filtrer l'essentiel des bonheurs et des
malheurs et faire encore sourire des médiocrités et des cruautés.
Atteindre, avant la mort, une réconciliation avec l'Histoire et
son histoire, grâce à la «quatrième dimension» ?
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