«C'est Luther qui m'a accompagné dans mes recherches, écrit Heidegger
en 1923, et mon modèle était Aristote.»
Ce livre propose de lire Être et Temps, élaboré entre 1922 et 1926, à la
lumière de ces deux sources fondamentales, en exhumant les strates du
texte qui renvoient au laboratoire du premier Heidegger, particulièrement à
la transformation du corpus aristotélicien (Physique, Traité de l'âme,
Métaphysique, Éthique à Nicomaque, Rhétorique) opérée dans les cours de
Fribourg (1919-1923) et de Marbourg (1923-1928). Car, si cette opération
de destruction critique de l'ontologie d'Aristote comme «sagesse de ce
monde» est essentiellement guidée par la théologie de la croix de Luther,
elle permet, en retour, d'aristotéliser les théologoumènes luthériens afin de
conceptualiser, phénoménologiquement, les expériences humaines fondamentales
du Nouveau Testament. Cette analyse exégétique des conditions
opératoires d'Être et Temps entend ouvrir la possibilité d'interpréter le premier
Heidegger dans le sens d'une phénoménologie radicale du vivant
humain sous l'horizon d'une interprétation de l'être comme temps : il
apparaît ainsi que la problématique décisive de l'ouvrage inachevé de 1927
tient à la mutabilité du Dasein, capable de saisir son excellence propre
dans la performance même de son philosopher.
C. S.
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