Le monde est devenu plus rude. On ne peut plus comme avant contempler les fleurs des cerisiers ni philosopher avec des amis autour d'une coupe de vin. Désormais, quand on regarde les nuages, c'est à travers les barbelés. Quand on s'endort, c'est dans la promiscuité et les mauvaises odeurs. Plus rien n'est paisible. La poésie persiste en dépit des circonstances, l'humour et le détachement continuent à ordonner l'existence, mais la voix s'éraille. La voix ne cherche plus à faire preuve d'élégance. Celui qui parle veut surtout, avant d'être brisé, apporter son témoignage. En choisissant le haïku comme forme d'expression, Lutz Bassmann raconte une histoire. Il décrit les menus événements du quotidien de la prison, il donne vie aux figures qui l'entourent, il invente des personnages : l'idiot, le révolutionnaire dogmatique, le bonze désenchanté, le cannibale, et tant d'autres que de nouveaux malheurs menacent.
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