Homme de lettres et éditeur autodidacte, polygraphe à la culture encyclopédique, volontiers moraliste, Ğurğ Zaydān (Beyrouth, 1861 - Le Caire, 1914) était aussi porteur d’un projet éducatif et social cohérent : celui de guider ses lecteurs dans un monde changeant, en leur à la fois une réforme de leurs comportements individuels et collectifs et un nouveau regard sur leur temps et sur leur histoire à travers le concept de « renaissance ». Son œuvre prit toute sa dimension au tournant de 1908 : la Révolution jeune-turque l’amena à s’interroger sur la politique arabe et ottomane tandis que la nouvelle université égyptienne lui apportait une consécration académique potentielle. Il fut alors exposé à des polémiques ayant pour enjeu la place de l’islam dans les sociétés arabes et les nations en devenir. La biographie de Ğurğ Zaydān proposée ici ne sépare pas sa vie de son œuvre. Elle peut se lire à deux niveaux : ce qu’il vécut et comment il le vécut. Parce qu’il sut traduire pour le « grand public » la tension qu’il ressentait personnellement entre l’ouverture à l’autre et la quête d’une identité propre, il fut longtemps un écrivain à succès, et reste jusqu’à aujourd’hui un formidable témoin de la dynamique de l’occidentalisation, de la façon dont des cultures d’origine étrangère ont été reçues dans la culture arabe.
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