Grues à couronne rouge
Hiroshige
« Tout baignait dans le bleu, dans un bleu merveilleux, pareil à celui qui va et vient au cœur d'un grand coquillage. » Lafcadio Hearn, « Le songe d'un jour d'été » (1895)
Cette gravure sur bois polychrome, qui fait partie des Cent vues d'Edo publiées en 1857 montre deux grues de Mandchourie (Grus japonensis), dont l'une semble plonger dans la rizière où se tient l'autre. À cette époque, les trois villages mentionnés dans le cartouche (Minowa, Kanasugi et Mikawashima) étaient proches des quartiers de plaisir de Yoshiwara, dans la capitale japonaise. En hiver, le shogun lançait ses faucons lors de chasses appelées tsuru onari (« tournée des grues »). Pour attirer celles-ci, les paysans déposaient de la nourriture, comme semble le suggérer le porteur qui s'éloigne. Le plumage des échassiers a été réalisé avec la technique dite karazuri (« gaufrage en relief »), consistant à presser la plaque contre le papier avec un tampon nommé baren. Les grues, motif très courant dans la tradition picturale chinoise et japonaise, symbolisent la longévité, la noblesse et la fidélité, puisqu'elles conservent la même partenaire toute leur longue vie.
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