Pour l'hellénisme la domination ottomane commence par une catastrophe, la chute de Constantinople, et se termine par un drame plus définitif encore, le déracinement sans retour de trois mille ans de présence en Asie Mineure. Comment dans ces conditions envisager une histoire «dépassionnée» ? Les individus peuvent pardonner mais les peuples des Balkans n'ont pas la mémoire courte.
Même si le «joug ottoman» ne fut pas aussi pesant qu'on le dit, il n'en reste pas moins que, pour des populations fières de leur identité, l'obligation d'obéir à un conquérant qui refuse leurs valeurs culturelles jugées «inférieures», ne pouvait qu'être insupportable.
Le réalisme imposa à tous une coexistence qui s'est étoffée de liens personnels profonds tissés au fil des siècles dans le partage d'un cadre de vie, de conditions matérielles, de pratiques culinaires ou de distractions identiques ; l'hellénisme soumis apprit à survivre et à s'adapter, parfois même à son avantage. Mais quand sonna l'heure tant attendue de la «libération», le passage d'un monde de «nations» sans territoire reliées par un pouvoir lointain, à un espace découpé en petits Etats se voulant ethniquement purs, entraîna la guerre, le massacre, le déracinement, la souffrance, des traumatismes encore bien vivants aujourd'hui, et l'hellénisme en fut l'une des grandes victimes.
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