Selon Antonio Negri et Giuseppe Cocco, comme le montre exemplairement la situation latino-américaine, nous vivons aujourd'hui un interrègne historique caractérisé par la crise du pouvoir souverain, crise comparable à celle qui marqua le passage de l'époque médiévale aux temps modernes. Cette situation exige de nous que nous nous libérions de tous les dogmatismes, y compris de ceux qui se présentent comme «révolutionnaires».
À l'opposé des commentateurs qui voient dans les mouvements politiques latino-américains qui ont porté Lula, Kirschner, Chávez et Evo Morales au pouvoir le symbole d'un renouveau triomphal de la perspective «nationale-développementiste» de l'anti-impérialisme classique ou qui leur reprochent au contraire leur supposée pusillanimité, Negri et Cocco avancent l'hypothèse selon laquelle le problème qui s'impose aujourd'hui aux pays latino-américains n'est pas de relancer les politiques de développement économique «nationalistes». Il s'agit plutôt, d'une part, de gouverner l'interdépendance qui constitue la réalité nouvelle de l'Amérique latine à l'heure de la mondialisation et, d'autre part, de maximiser l'autonomie et la puissance d'agir des mouvements populaires et indigènes inédits qui s'y sont épanouis.
Prolongeant, illustrant et précisant les analyses développées précédemment par Michael Hardt et Antonio Negri dans Empire et Multitude, les auteurs de GlobAL nous permettent de saisir avec force ce qui aujourd'hui se joue d'essentiel en Amérique latine pour notre monde.
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