Voici que le jeune feuillage a orné
L'arbre de sa tendre verdure :
Ainsi fleurit tout autour de ta joue
Le frais, sombre et tendre duvet ;
Pour de belles femmes ce serait un bonheur
De seulement caresser cet ourlet !
Mais tu as repoussé de ta nuque
Le carcan des bonnes moeurs.
Oh ! apporte du vin et viens à moi !
Ici, dans l'herbe haute il y a de la place !
Que le dernier murmure de ta langue caresse
Mon oreille et le vin mon gosier !
L'ivresse gonfle ta joue,
Laisse monter la sève jusqu'à ta tête !
Rêvons ici, dans nos bras enlacés,
Le rêve éphémère de nos jeunes années !
Qui pourrait croire que ce poème d'un jeune homme, écrit pour un autre jeune homme, date de 1823 ? Jamais traduits à ce jour en français, les Ghasels d'August von Platen (1796-1835), poète allemand libéré par la forme et les thèmes du Divan de Hafiz, méritent toute notre admiration pour leur courage et leur beauté ! Michèle Rey, agrégée d'allemand qui a longtemps enseigné au lycée Montaigne, à Paris, a relevé le défi de traduire cette oeuvre rare.
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