On ne sait pas par où entrer, pas dans le livre, mais dans ce qu'on pourrait en dire – de tels monuments, et que l'on pense tous connaître, on pourrait facilement en rester à leurs portes, ne pas les pousser, et aller voir plus loin, les mains dans les poches, avec cette démarche que l'on peut avoir quand on se sent un peu bête quand même de ne pas oser .
Ici, avant même de tourner la première page, on sait qu'il va être question de la mine, de la terre, et de ceux qui vont dessous y chercher ce qui nous chauffera, ce qui les chauffera, leur donnera de quoi manger, aussi.
Ici, avant même de lire la première phrase, on pense à ceux qu’on a connus un siècle après les temps de cette histoire, et qui étaient presque toujours les mêmes que ceux que l’on va croiser dans Germinal, que l’on pouvait reconnaître, dans les cafés, les rues des villes, à leurs yeux comme maquillés par la poussière du charbon et que les douches, les larmes, ne parvenaient pas à enlever de leurs regards.
Mais il faut prendre le risque de lire ce texte, vraiment, de le lire, d’oublier tout ce qu’on sait et d’entrer avec eux dans ces galeries plus sombres que tout ce qu’on pouvait imaginer, au risque de s’y perdre, au risque d’y suffoquer, au risque d’y aimer, et en sachant que tout cela nous arrivera parce que ce dont il est question dans Germinal, ce n’est pas de ceux qui meurent dans l’obscur, ce n’est pas de la révolte qui gronde au ventre des exploités, ce n’est pas, enfin, de la vie et de la mort d’un monde pourtant toujours là.
Non, ce dont il est question dans ce chef d’oeuvre, c’est de nous, tout simplement, de nous et de ce que nous portons en-dedans sans nous en savoir dépositaires.
Daniel Bourrion
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