Mappe monde
Dans le sillage d'Edward W. Said qui définissait l'impérialisme comme un « acte de violence géographique, par lequel la quasi-totalité de l'espace mondial est explorée, cartographiée et finalement annexée », la géographie est apparue comme la discipline de l'impérialisme par excellence. Du XIXe au milieu du XXe siècle, les savoirs sur l'espace ont été indéniablement des instruments puissants de la conquête puis du contrôle social des territoires non européens, mais cette évidence a conduit à une analyse souvent très réductrice de leurs contenus. Ces savoirs offraient-ils tous la même représentation des sociétés et des territoires non européens ? Ressassaient-ils tous à l'envi l'irréductible différence entre l'Européen et l'Indigène ?
Florence Deprest propose ici de reconsidérer la catégorie de géographie coloniale à travers l'étude de la géographie universitaire de l'Algérie entre 1880 et 1950. L'auteur opère une mise en relation des discours savants, des conditions institutionnelles de leur production et de leur circulation entre colonie et métropole, ainsi que des contextes politiques et des pratiques concrètes de leur mise au service du pouvoir.
Donnant à observer des scientifiques qui participent tous de la nébuleuse coloniale, elle montre comment ceux-ci développent des conceptions variables et parfois antagonistes sur des thèmes aussi stratégiques que les limites naturelles de l'Algérie ou l'évolution des genres de vie indigènes.
Très loin d'une réhabilitation de la géographie coloniale française, l'ouvrage met au jour les logiques contradictoires au coeur des savoirs universitaires et dévoile ainsi les visages multiples de la domination.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.