Quelles sont les possibilités offertes par la justice criminelle aux femmes à Marseille dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ? Quel est le discours de la justice face aux actes violents commis (ou subis) par les femmes ? Quel est le discours des plaignant(e)s, des accusé(e)s, des témoins et des voisin(e)s, une fois appelés à s’exprimer devant les autorités judiciaires ? Telles sont, entre autres, les questions traitées par l’auteur dans cette étude originale fondée sur le tribunal de la sénéchaussée, espace privilégié de la parole - censée être libre de toute contrainte -, dans lequel les justiciables parviennent à se mettre en scène, à jouer sur les émotions, à "dire" le récit de leur vie, ainsi que de leurs difficultés, réelles ou simulées ; à raconter celui de leurs adversaires et à les attaquer, grâce à l’instrument judiciaire que tous et toutes savent utiliser au nom de la réparation de l’honneur. Cette immersion dans l’ordinaire des mœurs marseillaises permet à l’auteur de combler une lacune historiographique, ainsi que de restituer au lecteur une vision et une version de ce que pouvait être une société urbaine sous l’Ancien Régime, société considérée par le biais du prisme de la violence et du genre.
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