A l'origine de cette étude, il y a la longue familiarité de l'auteur avec
la cathédrale de Reims et le souci de comprendre comment et pourquoi un tel chef-d'oeuvre
a jailli du sol champenois dans les premières années du XIIIe siècle.
Dans les verrières hautes du choeur, l'archevêque Henri de Braine, entouré
des onze évêques de la Belgique Seconde, préside un concile provincial, thème
iconographique sans équivalent contemporain. A côté de son effigie est représentée
une architecture gardée par un ange, ecclesia remensis, l'Eglise de Reims. Le même
mot désigne un monument, une institution, mais aussi, au sens premier, un peuple
rassemblé. C'est cette institution et ce peuple que le livre de Patrick Demouy met en
lumière en scrutant les textes avec l'érudition du chercheur et le talent bien maîtrisé
d'un écrivain ; il a su faire de sa thèse de doctorat d'Etat une oeuvre d'auteur qui fait
partager le plaisir de l'histoire.
Mettant en scène, le 30 juin 1207, l'entrée à Reims de l'archevêque Aubry de
Humbert, qui a posé la première pierre de la cathédrale, l'auteur nous invite à découvrir
avec lui l'Eglise dont il devient le cinquante-troisième pasteur, l'héritage idéologique
des siècles fondateurs puis le passé récent. L'accent est mis tout particulièrement sur
deux siècles mal connus et essentiels, les XIe et XIIe, marqués par la réforme
grégorienne et les ambitions de l'aristocratie féodale, l'affirmation de la primauté
romaine et de la royauté capétienne, avec en toile de fond le grand essor de l'Occident,
de ses campagnes et de ses villes. C'est dire que ce travail dépasse largement les horizons
rémois.
Alors que rien n'avait été écrit sur le sujet depuis dom Marlot au XVIIe siècle,
Patrick Demouy nous offre le grand livre d'histoire religieuse qui manquait pour donner
un sens à Notre-Dame de Reims, dont les pierres, grâce à lui, deviennent vivantes.
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