Génération, quelle génération ? Le Nouvel Observateur la qualifia
jadis de «bof génération» : sans passion, sans passé, sans avenir.
Elle avait vingt ans le 10 mai 1981, et fut en âge de voter à
l'élection présidentielle, lorsque la France bascula à gauche après
une longue période monocolore. «Changer la vie», affirmait alors
le slogan vainqueur. Sous la figure tutélaire du président François
Mitterrand, dit «Tonton», cette génération, née entre 1958 et 1965,
devait pourtant briller par sa remarquable invisibilité sociale et
politique. Trente années plus tard, n'est-elle que la vague apathique
ou sacrifiée que l'on s'est complu à décrire ?
Ils avaient vingt ans dans les années 1980. Pour le meilleur et pour le
pire. Le meilleur : l'extension des libertés individuelles et collectives,
la fin de la guerre froide, l'émergence de l'idée européenne. Le pire :
le recul des projets collectifs, l'effacement de la politique, mais aussi le
chômage de masse, la lutte des places, le sida, les années-fric, l'argent
fou, la dictature du superficiel.
Cette grande enquête chorale fait le récit, sur trois décennies, d'une
cinquantaine de «héros» emblématiques de leur génération. De cette
cohorte, elle restitue toute l'originalité, la diversité et la difficulté,
aussi, à exister ; elle retrace l'aventure d'une génération à la charnière
entre deux mondes, entre deux époques. Comme dans un roman,
les personnages se croisent, se séparent, se retrouvent à la faveur des
événements et des ruptures qui ont marqué ce quart de siècle en
France et dans le monde.
La génération Tonton fêtera ses cinquante ans le 10 mai 2011. L'avenir
dira s'ils sont les oubliés de l'histoire ou si leur tour est venu, enfin,
de dessiner un destin collectif.
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