Le 11 novembre 1918, au terme d'un conflit d'une ampleur inédite.
Georges Clemenceau prévient : «Nous avons gagné la guerre,
mais maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être plus
difficile.» Le traité signé à Versailles en 1919 ne devait effectivement
pas consacrer la «paix française» dont certains avaient rêvé au soir de
la Victoire, ni créer les conditions d'une paix durable à laquelle aspirait
un corps social durement éprouvé et que la politique de réconciliation
européenne d'Aristide Briand devait tenter d'établir dans la seconde
moitié des années 1920.
Pour appréhender les enjeux de cette période, il convient de s'affranchir
de tout regard rétrospectif qui n'envisagerait les événements qu'à la
lumière de l'évolution tragique des années 1930. Loin d'être une sorte
d'«entre-deux», les années 1920 possèdent leur propre cohérence et
leur propre dynamique, qu'illustre une floraison d'idées réformatrices
et d'expériences inédites. Une France nouvelle est bel et bien en train
de s'inventer, malgré les pesanteurs et les conservatismes.
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