W. von Humboldt est peu connu et, quand il l’est, c’est en tant que spécialiste du langage, c’est-à-dire en fonction de recherches, pour l’essentiel, postérieures à 1820. On ignore généralement que la détermination du sens de son entreprise est bien antérieure, avant même qu’il ne découvre le problème du langage. Ces deux écrits, inachevés, restés à l’état de brouillons et publiés seulement au début de ce siècle, peuvent être datés de 1796 et 1797. Ils sont intéressants à bien des égards. Ils constituent l’achèvement d’une réflexion menée depuis 1790, sur fond d’une assimulation du criticisme, dans plusieurs champs du savoir et d’importantes dimensions de l’expérience humaine (politique, histoire, esthétique, etc.). Ils se donnent comme un effort, mené d’une manière certes encore spéculative, pour thématiser ce qui apparaît à Humboldt comme l’exigence de l’époque, savoir ce qu’il en est de l’homme, et cerner les contours d’une anthropologie philosophique d’un type nouveau. Mais, s’ils condensent le passé d’une pensée, ces textes valent aussi comme première formulation relativement claire de ce qui s’accomplira bien plus tard sous les traits d’une philosophie du langage. Le sens de la tentative est désigné : élaborer le concept de science humaine, ici essentiellement à travers la recherche d’un fondement de la psychologie, saisir l’articulation de cette nouvelle connaissance de l’homme avec la philosophie et ainsi, à partir de la prise de conscience du chemin parcouru et de la caractérisation du siècle qui s’achève, comprendre la tâche assignée à l’humanité par la modernité.
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