Françoise Thieck "poète trop effacée" ? Oui, assurément.
Et le temps qui file n'a rien à voir avec cette discrétion naturelle qui
semble chez elle la marque d'un certain besoin pour mieux percevoir les
messages de l'invisible qu'elle ne cesse de traquer...
Françoise Thieck commença à écrire avant 1968 et fait partie de cette
génération qui vit les naissances des mythiques revues Chorus, Exit,
Présence et Regards et autres Jungle ou Le Pont de l'Epée. Elle n'a cessé
de peaufiner ses images captées pour dire la tendresse ou la révolte d'un
paysage, fidèle à ce que Robert Sabatier appela "une perception nouvelle
des vibrations poétiques et cachées de l'univers".
L'oeuvre de Thieck, dans son ensemble, est toujours "une histoire de
passion", "passion comme partez, passion comme partout" écrit-elle.
Cette poésie, exemplaire, risque de flirter avec la durée et c'est le pari que
nous prenons.
Par ailleurs, en militante d'une authentique littérature contemporaine,
Françoise Thieck a fondé et anime toujours la revue Midi qui, comme
elle, ne fait de concession à nulle mode, même et surtout en ce qui
concerne ces artistes qui viennent comme appuyer et jouer du contrepoint
avec les poètes d'aujourd'hui qu'elle apprécie.
Certes, Françoise Thieck est bien la première femme que nous avons la
joie d'accueillir dans notre série "poètes trop effacés" qui défend l'idée de
promouvoir en priorité les plus discrets et souvent les plus essentiels de
nos créateurs. Mais, sachant qu'il n'existe spécifiquement pas à nos yeux
une poésie féminine, nous voulons surtout attirer l'attention du public
et de la critique libre sur cette prose poétique très rare, sur cette quête
d'une certaine lumière saluée au fil de voyages hantés de beauté
magique.
François Thieck ou l'aveu d'une âme de migratrice impénitente...
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