La foule n'est pas aimée. Elle incarne trop l'exact opposé de l'individu-roi que sacre l'idéologie contemporaine en persuadant chacun qu'il est
au centre du monde, parfaitement original dans ses choix, loin de tout suivisme grégaire.
À travers les images véhiculées par les médias, la foule physique, coagulée, semble cantonnée à des pays menaçants et jugés d'un autre âge :
cohortes politiques en Iran, religieuses en Birmanie, multitudes dévastées par les inondations ou les séismes, ou encore, dans les pays riches,
à des survivances nostalgiques d'une vie politique dont elle n'est plus un acteur majeur : défilés protestataires, liturgies d'indignation...
Dans la vie quotidienne, le mot "foule" n'ose plus qualifier les fréquentations massives des centres commerciaux, les pics de consommation
collective, les bouchons à répétition qui rayonnent autour des agglomérations, ou encore les engorgements systématiques des transports en
commun.
Pourtant, même chassée du réel de proximité, reléguée à un "ailleurs" ou un "autrefois", la foule ne s'absente jamais de nos vies.
Assistances, publics et multitudes ne cessent de rassembler les corps, tandis que médias et nouvelles technologies de communication fabriquent
d'autres foules contemporaines.
Tentant de nous sensibiliser au fantastique potentiel d'énergie de la vie collective, ce panorama ouvre sur les modalités intelligentes
de l'"être ensemble" avant son instrumentalisation dans la masse. C'est un enjeu majeur, car nous n'échapperons pas à la foule.
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