Comment légitimer la victoire des armes ? Comment comprendre l'ascension ou la déchéance de certains hommes ? Comment choisir au milieu de la pluralité des possibles ?
Fortuna est partout présente à la Renaissance pour décrire et juger les mouvements de l'histoire individuelle et collective. Ce livre propose l'étude des usages d'une figure de rhétorique, d'une image de mémoire extraordinairement plastique. Il ne considère pas la fortune comme un concept, mais comme une banalité des langages politiques et des représentations sociales. Loin d'être éternelles, les banalités tissent dans le temps la toile des appréciations et des justifications partagées qui impose le cadre dans lequel se meuvent les acteurs. En Italie et en France, des décors des fêtes publiques à la littérature pédagogique ou historiographique, en passant par les diverses formes d'écriture du soi, l'imaginaire politique et social travaille sur une Fortuna qui rend compte à la fois d'une nouvelle appréhension du temps, le temps des occasions, et d'un intérêt pour les ascensions échappant aux logiques humaines, notamment dynastiques. Le succès de l'iconographie renaissante de l'allégorie apparaît ainsi comme inséparable d'une légitimité d'élection, élection divine sanctionnée par un nécessaire consensus. Versant oublié du thème impérial, Fortuna invite à en reconsidérer la signification pour les princes de la Renaissance.
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