Il peut sembler à première vue surprenant de rechercher chez un auteur disparu il y a trois siècles des précisions ou des distinctions pertinentes pour clarifier les enjeux et les formulations des discussions contemporaines portant sur la notion de disposition. Qu’il s’agisse des concepts, des méthodes ou de l'état des connaissances, nous sommes en effet plutôt enclins à voir dans l’univers que décrit la philosophie leibnizienne un ensemble de conceptions relativement étrangères aux questions d’interprétation soulevées par la réalité physique en général et par les pouvoirs qui s’y manifestent en particulier. En quel sens le recours à une métaphysique teintée de considérations théologiques et ancrée dans des débats liés à la naissance du Mécanisme largement tranchés aujourd’hui peut-il nous être de quelque utilité ? Le but de cette étude consiste à montrer que, contrairement aux apparences, il est possible de trouver chez cet acteur de la naissance des sciences modernes un certain nombre de pistes relatives à la manière dont nous devons définir les pouvoirs auxquels se trouve confrontée la science, ainsi que ceux qui nous entourent au quotidien. Il consiste à montrer que les difficultés d’interprétation auxquelles donne lieu aujourd’hui la notion de disposition tiennent peut-être à la manière dont nous concevons aujourd’hui la notion de puissance et aux définitions que nous établissons à partir de ces conceptions. En proposant une confrontation des arguments portant sur les problèmes sémantiques, épistémologiques et ontologiques soulevés par les dispositions aujourd’hui, avec les analyses proposées en son temps par Leibniz de la notion de force, il nous a paru possible de retrouver chez lui des enjeux conceptuels et des stratégies de réponses qui peuvent contribuer à clarifier le débat contemporain. Réciproquement, les formulations contemporaines de ces enjeux philosophiques nous ont semblé permettre une lecture féconde de la philosphie leibnizienne en la soumettant à l'épreuve de questions qui ne s'y trouvent pas formulées de manière explicite, et obligent parfois à reformuler et à évaluer la pertinence mais aussi les limites éventuelles de ses propres options philosophiques. Ce mouvement d'aller-retour, loin de se réduire à une confusion anachronique, nous a donc semblé susceptible de mettre utilement en perspective à la fois les positions discutées aujourd'hui et celles de Leibniz. Ce livre est issu d'une thèse thèse soutenue le 20 mars 2009 à l'université Paris IV-Sorbonne. Les membres du jury étaient : Jacques Bouveresse (Collège de France), Pascal Engel (directeur de thèse, Paris IV), Richard Glauser (Neuchâtel), Jean-Baptiste Rauzy (Aix-en-Provence) et Claudine Tiercelin (Paris XII). Elle a obtenu la mention très honorable et les félicitations du jury.
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