À la fois essai passionné et testament amoureux, ce livre relate l'épatante singularité du jeu brésilien ennobli par des va-nu-pieds qui devinrent des seigneurs en pratiquant un « football art » et en inventant un style moins destiné à vaincre qu'à enchanter.
Le triomphe obtenu en Suède en 1958 ouvre une « ère dorée » qui atteint son apogée en 1970 avec le troisième titre obtenu par la Seleçâo au Mexique. Le football brésilien est un football de poésie, écrira le cinéaste italien Pier Paolo Pasolini.
Inspiré par la samba et la capoeira, leur jeu s'identifia à un style métissé
surprenant et voluptueux aux antipodes du football européen fondé sur la rigueur des systèmes tactiques et l'entraînement méthodique.
Ces versificateurs du dribble et de la feinte de corps engendrèrent un chaos esthétique admiré et parfois incompris. Egrener leurs noms, c'est réciter la liste des dieux de l'Olympe : Friedenreich, Léônidas, Zizinho, Didi, Garrincha, Pelé,Tostão, Sócrates...
Au cours des années 1980, Telê Santana fut le dernier sélectionneur à incarner les spécificités de cette culture populaire du football et à pousser aussi loin les feux de la créativité avant de passer la main aux pragmatiques. Depuis lors le « jeu à la brésilienne » ne se survit que comme parodie.
En singeant l'expression stylistique des Européens, les Auriverde ont
renoncé à ce qu'ils sont. Cette dévitalisation coïncide avec la disparition de
leur démesure dionysiaque et de cette grâce collective qui leur conférait
un supplément d'âme.
De cette alchimie lumineuse qui nous a tant feintés, il ne reste qu'un
souvenir, tout en haut de l'air...
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