Le cinéma est à plus d'un titre un art des relations : un film ne
peut être pleinement compris qu'en tissant le lien avec ce qui
le dépasse dans le registre de l'histoire des formes (genre, série,
reprise), dans celui de la pensée qu'il engendre chez le spectateur-philosophe
(chacun de nous dans nos bons moments), ou encore
dans l'étude de la mise en contact d'aires culturelles distinctes
(la présence des Européens à Hollywood pour citer l'exemple le
plus évident). La poétique historique des films, la «cinéphilosophie»
et l'approche du cinéma en termes de transferts culturels
apparaissent comme autant de chemins qui aident à explorer ce
territoire relationnel. Mais au sein même de ces approches, un
film, un texte, un penseur, un cinéaste insistent et franchissent
des frontières décidément poreuses, donnant extension et valeur
d'égide au procédé filmique qui mêle et relie à la fois les images :
le fondu enchaîné.
Ainsi font retour au long du livre les accords Blum-Byrnes, le film
noir et la comédie américaine, Stanley Cavell et Gilles Deleuze,
Albert Laffay et le baudrier du roi dans La Veuve joyeuse d'Ernst
Lubitsch, Lettre d'une inconnue de Max Ophuls et Tout ce que le ciel
permet de Douglas Sirk, la cinéphilie française et le CinémaScope,
Walden de Thoreau et l'expression «ça, c'est du cinéma !», ce qui
ne doit pas vraiment surprendre car, avec ces Fondus enchaînés,
la collection «Poétique» s'ouvre au septième art.
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