L'esthétique cinématographique - des avant-gardes du muet (Epstein, Dulac, Man Ray...) aux grands réalisateurs modernes et contemporains tels que Godard ou Marker - est liée, au-delà de toute tentative arbitraire de fixation ou de fragmentation du film, dans son essence même, à l'idée de flux visuels et sonores. À travers ses propres flux constitutifs, le cinéma peut à son tour donner à percevoir une pluralité de flux, actuels (naturels ou artificiels), virtuels (oniriques, imaginaires, mentaux), mieux que ne le peuvent les autres arts, mais en interrelation étroite avec certains d'entre eux. Dans la présente approche, arts plastiques et poésie sont ainsi très présents.
Sept flux d'une théorie esthétique du cinéma, comme dans l'image écrite (Duras) et visuelle (Resnais) des « sept branches de l'estuaire en delta de la rivière Ota » de la « géophilosophie » d'Hiroshima mon amour.
Sept flux - Flux-Temps, Flux-Monde, Flux-Absence, Flux-Communication, Flux-Rêve, Flux-Esprit, Flux-Imperceptible -, au-delà du régime cristallin de l'image (Deleuze), entre le cristal et la fumée (Atlan), qui créent un champ d'intensité entre destruction et création, en une matérialisation métaphorique des flux mêmes de la pensée, jusqu'à la limite que constituerait la dissipation des flux filmés, et des flux filmiques, dans les tourbillons de la vertigineuse image noire appelée de ses voeux par Marguerite Duras.
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