Gustave Flaubert est sans doute le romancier le plus célèbre de notre littérature, mais peut-être aussi le plus méconnu. De son vivant, en effet, il n'a jamais cessé d'affirmer, de scandale en malentendu, qu'il avait décidément «le don d'ahurir la critique» et de «faire dire beaucoup de bêtises», tandis qu'après sa mort son image a été happée dans des éclairages si violents et si contrastés que de nombreux lecteurs en restent encore un peu éblouis.
Cet essai n'a donc pour objectif que de donner enfin la parole au romancier, à partir de son indispensable Correspondance. Au fil des lettres, s'impose en effet très vite l'unité d'une pensée et d'une esthétique, celle d'un «Hindigné» et d'un «phrénétique» qui admire les grands imprécateurs littéraires avant les orfèvres du style, et qui cherche d'abord à exprimer dans son œuvre le «vrai comique» d'une triste humanité écartelée entre le poids de la réalité et la fulgurance des rêves, c'est-à-dire entre le Sphinx et la Chimère.
Ce retour au «point de vue de l'auteur» malmène au passage, comme il se doit, quelques idées reçues, car la Correspondance n'est pas seulement le plus vaste et le plus passionnant des manifestes littéraires, elle constitue également, et avant tout, une invitation tonique et directe à relire en Flaubert l'invention de notre roman d'humour.
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