En 1912, Filles de la Pluie obtient le prix Goncourt.
Ouessant, depuis la fin du XIXe siècle, est peu à peu sortie de son isolement : ses spécificités sont mieux connues grâce aux travaux des folkloristes mais elle entre véritablement dans le siècle avec la construction du fort Saint-Michel, conséquence du refroidissement des relations franco-britanniques, après l’affaire de Fachoda, — type de fort que l’on retrouve dans d’autres îles : à Houat, à Hoëdic, à Yeu en particulier.
Le choc culturel et humain qui s’ensuivit, entre une population essentiellement féminine, paysanne, pauvre, restée isolée du monde et les militaires mis en garnison mais qui s’égayent dans toute l’île, finit par faire scandale dans les années 1900.
André Savignon a séjourné à Ouessant en 1911 et son livre s’inscrit dans cette brûlante actualité-là. Le sous-titre de scènes de la vie ouessantine rappelle d’ailleurs que ce n’est pas un roman mais une suite de récits dont chaque chapitre est consacré à une Ouessantine : Barba la conteuse, Louise de Niou-Huella, Claire de Frugulou, Marie de Loqueltas, etc.
Si le livre fit aussi scandale, à l’époque, c’est qu’il dépeignait Ouessant comme « une sorte de Tahiti européenne ».
Cent ans plus tard, rien de tout cela ne subsiste sinon un beau livre de littérature de fiction qu’il faut redécouvrir pour son écriture, pour son évocation d’un Ouessant passé et parfois fantasmé... mais aussi pour les superbes lithographies du maître Mathurin Méheut qui n’avaient jamais été rééditées depuis 1934.
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