La maison est une prison de vide
Ça sent la javel à en vomir
J'ai froid
Ils tremblent tous jusqu'à la dernière seconde
La voiture va arriver pour nous emmener, la mère, le petit frère et moi
Non pas encore, encore un peu, encore
La voiture klaxonne
Et elle éclate, l'autre mère
elle hurle, elle hurle de larmes dans le cou de ma mère
Ses hurlements me déchirent la gorge
Je me tais
Silence
Pour ma mère tenir le silence
Crever en dedans et me tendre en dehors comme une béquille
Ma mère écarte l'autre mère de son passage et avance vers la porte
Le visage brûlé de larmes
L'autre me regarde comme on dit adieu à un cadavre, les sanglots convulsent ses lèvres
Je te hais !
On croirait que tu pleures sur nos tombes
Arrête !
Les morts ne sont plus là quand on les pleure !
Je ne pars pas pour mourir, enfin je crois
L'exil porte souvent en lui tant de contradictions et fait faire tant de contorsions qu'on préfère souvent le taire. Pourquoi raconter qu'on est un étranger de partout, ni d'ici, ni de là-bas ? Ça intéresse qui une fille de l'entre-rien ?
Pourtant, Leïla Anis relève le défi avec dignité. Les mots de Fille de, réminiscences ténues et souvenirs fantasmés d'une adolescence, posent la question de l'exil au féminin et des stéréotypes de genre. Ici, à 16 ans, l'exil est un accident qui remet en jeu les possibles, et un nouveau devenir de femme s'écrit au nom de toutes celles dont les voix sont aujourd'hui mutilées.
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