Karim : Moi, je crois qu'ils en sont jamais descendus, de ce bateau. Moi, je pense qu'ils sont restés tellement de temps dessus qu'ils sont devenus ce bateau. Et ils ont plus bougé, ils sont restés là, à dériver du Nord vers le Sud, juste au milieu des deux continents.
Leïla : Et toi ?
Karim : Moi je suis le huitième ovule percé par le huitième spermatozoïde au milieu de ma mère.
Moi, comme tous les autres, j'étais déjà un bateau avant de venir au monde.
Moi je suis jamais né Homme.
Je suis le bout qui est arrivé après, à qui on a rien à dire, parce que le père s'est déjà emmuré dans le bateau, y a plus rien à raconter, juste à écouter le vide et son bruit
Je suis le bout de l'écume là-bas qui se tait.
Je crois qu'je veux raconter ça, le bruit du silence.
Deux trajectoires qui se croisent : une « fille » exilée et un « fils » né après l'exil forcé de ses géniteurs.
Y a-t-il un rapport entre filiation et identité ? Y a-t-il une mémoire par-delà la fuite, le silence et la « double absence » de l'entre-deux-terres ? de l'entre-Nord-Sud ? Quelle est l'identité commune et contradictoire des filles et des fils de nulle part, nés d'une filiation accidentée ?
Ensemble, Leïla Anis (auteure) et Karim Hammiche (metteur en scène) se sont posé ces questions, creusant les mécanismes de la construction identitaire, de l'adolescence à l'âge adulte, face à la rupture avec le père.
Dans ce « rêve éclaté », les mots viennent s'agglutiner les uns aux autres, s'effleurer puis se heurter violemment, comme le ferait le flot des images intérieures lors d'une nuit d'insomnie.
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