Étrange science que la tératologie ou « science des monstres » : issue des travaux fondateurs d'Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire au début du XIXe siècle, elle fait sortir les corps malformés de leur statut d'erreur ou d'échec du vivant, propose une classification ordonnée de ces êtres jugés jusqu'alors aberrants et cherche à les intégrer dans l'ordre régulier du vivant. Avec les travaux de Camille Dareste, puis, au début du XXe siècle, les expériences d'Étienne Wolff, la tératologie devient expérimentale et s'enrichit de nouveaux concepts liés à l'embryologie, faisant du monstre, à travers une étude fine de son développement, un fossile vivant.
Alors que, conformément aux ambitions du positivisme, ce regard sur le corps monstrueux se voulait neutre, on montrera ici qu'il reste largement tributaire des perceptions communes et de ses présupposés théoriques. Cette étude des rapports entre théorie et observation en sciences, appuyée sur des exemples frappants, enrichit, par son originalité, un questionnement épistémologique qui reste d'une profonde actualité.
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