Les hommages à Claude Lévi-Strauss privilégient les dimensions
littéraire ou écologique de l'oeuvre sans s'attarder aux
études de parenté. Or, le meilleur hommage à rendre à une
oeuvre scientifique est de la discuter scientifiquement. Souvent
présentée comme une révélation jaillie du terrain amazonien
ou de la rencontre avec Jakobson, la modélisation structurale
de la parenté doit être replacée dans l'histoire des sciences.
Dès 1939, Marcel Granet avait énoncé la typologie complète
des systèmes de parenté, réduisant l'inceste à une «faute de
jeu» et valorisant la «réciprocité élargie» des alliances.
Partant du modèle Granet/Lévi-Strauss, l'enquête parcourt
les formalisations de la parenté du droit romain à nos jours,
en privilégiant la notion de bifurcation, sexuée ou non. On
découvre qu'hommes et femmes sont interchangeables dans
la théorie classique de l'alliance, à moins d'être séparés par un
écart d'âge structural. Que les classifications cognitives de la
parenté ruinent les interprétations démographiques. Que les
locuteurs ne confondent pas l'individu avec ses équivalents
structuraux : ego n'est pas quelconque mais quelqu'un. Et qu'il
faut réfuter les théories déterministes qui prétendent loger des
ressorts inconscients dans les structures de parenté, comme
l'ordre mathématique des choses, l'intérêt caché (Pierre
Bourdieu) ou le contact des chairs (Françoise Héritier).
Nourri d'exemples anciens (Égypte pharaonique, Rome
impériale, Europe classique...) ou actuels (Sahara, Inde du Sud,
Australie, Nouvelle-Guinée...), l'ouvrage est émaillé de 240
«diagrammes de structure» spécialement conçus pour exposer
au regard et à la critique les postulats de la logique structurale.
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