Figures de la médecine
Quoi de commun entre l'histoire des débuts de la transfusion sanguine en Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et la découverte de moustiques vecteurs de parasites en Chine à la fin du XIXe siècle ? Entre la reconstitution d'un nez par lambeau cutané à Bologne à la fin du XVIe siècle et l'ouverture d'un kyste sébacé frontal au Guatemala en 1916 ? Ou entre l'examen d'un visage greffé à Amiens en 2005 et celui d'un faciès bouffi en Amérique du Sud dans les années 1930 ? Certainement pas ce que pourraient suggérer les premières analogies thématiques que l'on serait tenté de faire en rapprochant deux à deux les textes de Figures de la médecine, mais c'est précisément du côté de cette critique de l'analogie qu'il faut chercher l'une des clés de l'unité de l'ouvrage. Des symétries, les six textes en ouvrent à profusion, et ils fourmillent d'exemples de ces pollinisations par lesquelles l'importation d'un concept ou d'une croyance dans un domaine étranger aide à y résoudre un problème. Mais appliquées aveuglément sans tenir compte des spécificités des lieux de recherche, les symétries et les analogies finissent toujours par poser plus de problèmes qu'elles n'en résolvent, et c'est avec ces problèmes induits que commence, à chaque histoire, ce qui fait le livre. Pour François Delaporte, chaque problème épistémologique comporte son mode de résolution propre et, s'il fallait trouver une unité à ces problèmes, c'est dans cette spécificité qu'il faudrait la chercher et non dans une méthode de résolution commune qu'ils pourraient abriter. Ce qui veut dire que la richesse des problèmes réside dans celle de leurs objets, mais aussi dans celle de la réalité et du lieu où ils se posent.
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