Pascal s'installe dans nos mémoires comme un écrivain funeste, et son œuvre paraît être à la fois une dénonciation des vanités humaines et un rappel intempestif de notre mort. Mais cette image ressaisit-elle justement la pensée pascalienne de la fin, en son double sens de terme et de destination ? C'est à cette question que ce livre tente de répondre, en proposant le portrait d'un Pascal moins attaché à dire les limites de l'homme qu'à montrer et analyser les efforts de ce dernier pour ne pas en rester à sa finitude constitutive : dans l'épreuve de son corps, de son esprit, et de sa volonté, dans sa vie collective comme dans sa vie singulière, l'homme ne cesse d'osciller entre les pôles de la fermeture et de l'ouverture, entre l'impossibilité et la possibilité, entre l'horizontalité de son monde et la verticalité de ses désirs. « L'homme passe l'homme », porte un fragment des Pensées : véritable noyau de l'œuvre et de ses formes, ce passage, irréductible au désaveu de la raison, impose d'y découvrir une méditation de la joie et de la promesse autant qu'un mémorial de la contingence. Voilà une écriture qui se sera donné pour tâche, dans le sillage de Montaigne, de faire tomber la finitude de l'homme dans la langue pour mieux en dire la réversibilité.
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