Charles Le Goffic (1863-1932)
"Les fêtes et les coutumes populaires !
L’admirable matière, mais si vaste ! Une vie ne suffirait pas à la traiter. Comment donc la faire tenir en quelques pages ? Mais on ne s’est proposé ici que d’effleurer le sujet et l’on a choisi, parmi les fêtes populaires, les plus connues et les plus anciennes.
Ce ne sont pas toujours les moins curieuses, ni – bien qu’elles n’aient pour la plupart rien d’officiel – celles que le peuple chôme avec le moins de plaisir. Il ne les chôme pas toujours dans un esprit très orthodoxe ; il lui arrive même d’avoir complètement oublié le sens du rite héréditaire auquel il se plie et on l’étonnerait fort en lui révélant que les boudins de Noël, par exemple, sont un souvenir du sanglier que les Celtes sacrifiaient, au solstice d’hiver, en l’honneur de Bélénus, le dieu solaire. La plupart de nos coutumes populaires sont ainsi de très lointaines survivances ; en nous penchant un peu, nous discernerions sous chacune d’elles toute une cosmogonie primitive ; nous reconnaîtrions le travail profond des vieilles imaginations aryennes, leur essai d’une explication naturiste de l’univers.
Et peut-être que la vertu secrète de ces coutumes est là : elles sont aussi anciennes que la race ; elles se sont chargées en route de sens nouveaux et parfois contradictoires ; elles ont emprunté sans compter aux diverses cultures, celtique, latine, catholique, qui ont fait l’âme nationale. Mais cette plasticité même, cette souplesse à s’adapter à nos divers états de civilisation, n’est-elle pas la meilleure preuve de leur vitalité ?
Avant de sourire d’elles, tâchons d’abord de les comprendre. Qui les aura comprises ne tardera pas à les aimer."
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