«Manifester c'est comme du feu sur ma peau» dit l'une des militantes rencontrées par Dominique Loiseau, illustrant ainsi la difficulté pour les femmes d'investir la sphère publique.
S'appuyant sur l'exemple de Saint-Nazaire, ville moyenne de l'ouest de la France à forte tradition ouvrière, cette étude trace un tableau tout à la fois sociologique et historique de cinquante ans de militantisme des femmes. Celui-ci s'exerce dans les associations familiales et féminines du courant catholique-social et du courant laïque (communiste en particulier).
Histoire des organisations mais aussi itinéraires de femmes, à la croisée du politique et du privé, du collectif et du personnel : accompagnatrices du militantisme de l'époux ou militantes des premières associations de jeunes filles à l'aube des années trente, résistantes, engagées contre le fascisme ou au côté des organisations syndicales lors de grandes luttes ouvrières. Implantées dans les quartiers car souvent non salariées, elles sont aussi confrontées aux luttes pour la contraception et l'avortement, ainsi qu'au féminisme de la décennie soixante-dix. Associations et militantes de ce «syndicalisme de quartier» sont fréquemment mal reconnues par le syndicalisme d'entreprise, la condescendance régissant les relations entre les organisations ouvrières et les associations familiales reproduisant les rapports traditionnels hommes-femmes.
Ce livre reconstitue pas à pas le fourmillement de ce militantisme méprisé, voire totalement ignoré, oublié (mais l'action des femmes ne l'est-elle pas toujours peu ou prou ?), de ces «vies minuscules» qui, pourtant, dans l'ombre ou en pleine lumière, ont tissé elles aussi l'histoire du mouvement ouvrier.
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